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Entre octobre et décembre 2019, l’équipe de Semawe a animé la démarche participative des Fabriques en ville pour le mouvement Grenoble en Commun. Le mouvement soutient la candidature d’Eric Piolle à la Mairie de Grenoble. Les Fabriques en ville, c’est 9 rendez-vous citoyens pour écrire un programme pour les élections municipales de 2020. Comment ? De manière participative, avec les grenobloises et grenoblois qui le souhaitent.

Au total, 700 propositions ont émergé. Les deux tiers générés en ateliers et un tiers issu des propositions postées sur la plateforme en ligne. Semawe vous raconte le déroulement de cette démarche participative inédite et porteuse de sens.

Les ingrédients de la démarche

La démarche des Fabriques en ville est une initiative du mouvement Grenoble en Commun. Elle vient de la volonté de changer les manières de faire, de sortir des modèles classiques de campagnes municipales en donnant la parole aux citoyens . Anne-Sophie Olmos, signataire, rappelle que :

“Cette façon de faire n’est pas dans les habitudes de ce qu’on peut observer dans les campagnes politiques. Or c’était le moment de le faire ! La fabrique en ligne n’a pas été non plus un automatisme, pourtant nous sommes une liste d’avant-garde.”

Dans les ingrédients de la démarche nous retenons :

  • Un leader de campagne qui souhaite partir des réalités des citoyens.
  • Des signataires impliqués, porteurs de la démarche dans la durée et présents à chaque Fabrique en ville.
  • 9 rendez-vous dans des lieux répartis sur le territoire et des horaires variées.
  • Une plateforme pour participer en asynchrone, bonifier des propositions.
  • Une équipe de 4 facilitateurs.
  • Des thématiques de fond abordées : social, transport, environnement, santé, économie, sécurité.

Les Fabriques en ville : des rendez-vous citoyens animés par Semawe

Conception de la démarche participative
À Semawe nous concevons et animons des démarches participatives. Le défi cette fois-ci : concevoir des déroulés d’animation pour 9 réunions publiques dans le but de faire émerger des propositions pour un programme de campagne. Nous avons conçu un format réplicable pour chaque fabrique en prenant en compte que :

  • Nous ne connaîtrons jamais à l’avance le nombre de participants.
  • Les salles pourraient ne pas être assez grandes.
  • Certaines réunions seraient thématiques, d’autres non.

Notre intention
Nous voulions concevoir un format de réunions qui :

  • Favorise l’interconnaissance.
  • Permette aux participants d’apporter librement leurs problématiques.
  • Laisse du temps pour discuter.
  • Change des formats classiques (éviter l’assemblée en plénière).
  • Génère des propositions concrètes.
  • Génère de la coopération avec des idées à mettre en place plus que du débat.

Nous avons donc :

  • Laissé les participants amener leurs sujets.
  • Favorisé des travaux en petits groupes.
  • Créé un canevas pour la rédaction des propositions.
  • Demandé aux participants de prioriser les propositions pour donner à l’équipe des tendances.

Le rôle de facilitateurs

Poser un cadre et une intention
Nous étions à chaque fois 4 facilitateurs de l’équipe de Semawe. Notre rôle était de faciliter l’émergence de propositions. Lors de chacune de ces Fabriques nous avons :

  • Posé notre intention pour la session.
  • Donné un cadre pour que les échanges se passent bien.
  • Rythmé les sessions par nos consignes.
  • Aidé les groupes à avancer vers la formulation de propositions.Cela a favorisé l’émergence de propositions concrètes et constructives. Juliette et Sarah, facilitatrices de Semawe, s’accordent pour dire que

“les participants arrivaient avec l’envie de contribuer, une posture d’écoute et de bonifications plus que de critiques”.

Au-delà du cadre relationnel, les facilitateurs sont aussi des logisticiens, déménageurs de table et gérants de stock de feutres. C’est un métier où la logistique compte autant que le déroulé. Dans l’équipe c’est Sarah qui a piloté cette mission.

“Mon rôle était d’assurer le confort des facilitateurs et des participants. Quand on porte de l’attention à la logistique et au lieu, on incarne une ambiance pour qu’il se passe ce que l’on a envie qu’il se produise.”

Ressentir et ajuster
Etre facilitateur c’est se mettre au service d’un processus et d’un groupe. A chaque réunion l’ambiance, la salle, les participants étaient différents. Nous ne savions jamais si les participants seraient 40 ou 150. Cela demande une grande capacité d’adaptation pour à la fois animer et sentir ce qui se passe dans la salle. Comme le dit Juliette :

“C’est un rôle sur l’instant. Cela demande une disponibilité, une énergie à mettre à disposition du collectif présent le jour J. Faciliter ça veut dire proposer le cadre, la méthode et sécuriser le timing pour que les idées puissent émerger et les personnes se sentir à l’aise.”

Se sentir concerné sans être partie-prenante
Nous étions connectés à l’intensité et à la joie de la campagne. Nous nous sommes sentis concernés, sans être partie-prenante car nous étions prestataires. Juliette partage que :

“La session qui m’a le plus marqué c’est la dernière : salle comble ! Jusqu’à la dernière minute on ne savait pas qui et combien feraient le déplacement. J’ai été très inspirée de voir des personnes se mettre autour d’un table et analyser les propositions qui avaient été faites pendant la campagne. J’ai trouvé ça marquant que tous ces gens donnent du temps pour cette démarche.”

Nous repartons avec le sentiment d’avoir été utiles, de se sentir acteurs d’un processus politique et d’avoir diffusé de nouvelles pratiques :

“Nous avions un geste avec les mains (le chapeau), un signal pour avoir rapidement un espace d’écoute. Les gens se le sont appropriés très vite et je l’ai revu dans d’autres espaces. Cela fait vraiment plaisir de voir que les gens ont adopté ce signe de ralliement coup de coeur de cette campagne.” – raconte Sarah, facilitatrice.

Le rôle des signataires

Incarner, faciliter, publier
Les signataires se sont impliqués dans les fabriques. Pour nous, facilitateurs, leur présence a été précieuse car ils ont incarné la démarche. Leur rôle principal était d’introduire chaque Fabrique en rappelant la philosophie de la démarche et le thème du jour. Attentifs à ce que tout se passe bien, les signataires nous ont aidé dans la logistique des salles, dans le relais des consignes et la tenue du cadre. Notre travail avec eux a permis d’avoir de l’attention à toutes les échelles : de la plénière au trio de discussion. Nathalie Marest, signataire, a vécu son rôle,

“avec beaucoup d’exigence au départ. C’était surtout ma motivation et la conviction qui étaient mes valeurs ajoutées plus que mon expérience politique. J’avais envie d’apporter ma pierre pour fédérer le groupe, faire du lien et porter une motivation.“

Nous avons vécu ensemble les interrogations sur le nombre de participants, la taille des salles et la dynamique de groupe :

“Au début j’étais angoissée et en fait à chaque fois il y a eu l’effet magique. C’était scotchant de voir ce qui est possible de faire avec un collectif de gens qui ne se connaissent pas.” – Anne-Sophie Olmos, signataire.

Leur rôle se jouait aussi après les Fabriques car se sont les signataires qui publiaient toutes les propositions issues des réunions en ligne. Leur ligne déontologique était stricte, à part la correction de quelques fautes d’orthographes, pas de reformulation !

700 propositions pour 1 programme

Comment faire un programme à partir de 700 propositions ? La mission de coordination du comité de rédaction n’a pas été simple. Nicolas Kada, était le coordinateur du comité de rédaction. Un rôle subtile pour faire converger différents points de vue :

“Nous avions des représentants de tous les mouvements dans le comité, chacun était prêt à faire un pas vers l’autre. Il n’y a pas eu de sujet mis de côté car jugé trop problématique.”

Une expérience inédite qui lui a permis de

“découvrir d’autres candidats et de travailler avec des personnalités variées, avec des caractères différents.”

Le comité de rédaction a trouvé sa ligne éditoriale grâce au livre Grandir ensemble de Eric Piolle. Les propositions ont été organisées autour des 3 grandes thématiques du livre. La difficulté suivante a été de concilier des propositions de tailles très inégales. Le comité s’est appuyé sur des groupes de travail. Ces groupes vérifiaient que les propositions étaient réalisables et fondées.

Un travail qui a payé car comme Emile, 12 ans, participant assidu des 9 Fabriques en ville, vous avez peut-être retrouver votre proposition dans le programme :

“C’était super chouette. Ce qui m’a marqué, c’est le fait qu’un enfant puisse participer ! Et j’ai retrouvé une de mes propositions dans le programme, je ne m’y attendais pas du tout, j’étais super content !”

La proposition en question : Pour permettre à chaque jeune de participer à la vie démocratique, nous créerons des conseils de secteurs des jeunes ayant force de proposition et leur permettrons de porter des projets et de gérer leurs propres budgets…

Une envie de continuer la démarche durant tout le mandat

Dans la vie citoyenne…
L’émulation créée par la campagne donne envie de poursuivre sur cet élan. Pour les signataires, la campagne a eu un effet démonstratif : il faut du courage pour se lancer mais c’est possible ! Ce programme construit en commun, représente une feuille de route :

“l’intégralité du travail est issue de ces groupes de travail, on ne peut pas se défiler, c’est bien construit. Nous avons du recul sur le mandat précédent et de nouvelles réflexions.” – Mathias Charre, signataire.

À ce titre, les signataires souhaitent renforcer les aller-retour avec les citoyens et les citoyennes. Comme le souligne Nicolas Kada :

“Cette méthode va être notre marque de fabrique. Les signataires vont nous aider à garder le lien car le projet proposé n’est pas figé pour les 6 ans qui viennent, il va évoluer.”

Pour que les Fabriques aient lieu, les signataires ont agit à l’échelle du secteur. Pour garder la dynamique il faudra continuer à mailler le territoire, développer des relais auprès d’acteurs locaux, intervenir encore plus dans les Maisons des Habitants. Cela permettra de varier le public présent et les sujets.

… et dans la vie institutionnelle
Au-delà du débat public, les Fabriques ont montré l’importance d’avoir des temps d’émergence et d’échanges sur les actions à mener. Anne-Sophie Olmos souhaite que cette démarche s’incarne aussi dans la vie institutionnelle :

“On a mis la barre assez haut, il faudrait la mettre aussi haut au sein de l’institution. Cette dynamique va nous aider à améliorer nos pratiques en interne…”

Conclusion : Une candidature qui se renouvelle dans la continuité

Les élections de ce dimanche 28 juin 2020 ont permis une seconde élection d’Eric Piolle et Grenoble en commun à la Mairie de Grenoble. L’équipe portera donc le programme issu des Fabriques. Le travail démarré il y a 6 ans se poursuit mais avec des nouveautés. En effet la liste des élus est renouvelée à 50%. Nous souhaitons une belle aventure à l’équipe tout au long du mandat !

Semawe s’implique dans la vie citoyenne de son territoire

Il est important pour nous de participer à la vie de notre territoire. Nous nous impliquons dans les réseaux professionnels locaux et travaillons avec les collectivités du sillon alpin. Notre équipe propose :

  • L’animation d’ateliers thématiques.
  • L’animation de temps forts de campagne municipale.
  • L’animation de démarches participatives.
  • L’animation de conférences participatives.
  • Des formations pour les élus.

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