La Revue Appréciative est une démarche axée sur le soutien et le renforcement entre collaborateurs. Elle renverse la culture de l’évaluation professionnelle
Animés par la volonté de progresser dans nos pratiques d’accompagnement et de soutenir notre dynamique d’équipe, nous avons plongé dans l’univers de la Revue Appréciative. La promesse ? Déplacer le curseur de la résolution des problèmes vers la quête de solutions et ainsi renverser la culture de l’entretien annuel d’évaluation. Une approche qui, au final, a transformé nos relations entre collègues.
Une méthode inspirante
La revue appréciative s’appuie sur l’Appréciative Inquiry (exploration appréciative en français). Elle marque une rupture avec l’approche traditionnelle par la résolution de problèmes pour faire reposer le changement sur ce qui fonctionne déjà, les points d’appuis et les énergies positives de chacun. Sur cet aspect, elle est reliée à l’Approche centrée solution.
Qu’est-ce que ça change ?
La revue appréciative révèle ce qui est positif. C’est ce « noyau de réussite » qui sert de support pour donner de l’énergie et de l’inspiration pour la période à venir. Je peux ressentir ça quand je la reçois : un encouragement qui me donne le soutien dont j’ai besoin pour persévérer dans mes efforts. L’attention est ainsi portée sur mes principales ressources. L’effet immédiat, c’est de booster la confiance et mon estime personnelle. L’exercice génère une forme d’enthousiasme qui m’aide à m’ouvrir à des opportunités nouvelles.
De quoi s’agit-il concrètement ?
La revue appréciative suit un déroulement et une méthodologie précise. L’évaluation est remplacée par une auto-évaluation, puis des feedbacks et enfin un dialogue entre pairs. Le demandeur est au centre et devient un réel acteur de sa propre évolution et de celle de son organisation. Plusieurs étapes jalonnent cette revue appréciative :
Étape 0 : la préparation et l’auto observation
Il s’agit de choisir :
- Une période d’observation et un objectif. La revue appréciative peut être générale sur une période de temps donnée (6 mois, 1 an, etc.) ou centrée sur un thème spécifique (un projet, un rôle, etc.).
- Un groupe de pairs. C’est la personne demandeuse qui le choisit et le sollicite. Pour que le groupe fasse sens, chacun doit avoir une connaissance approfondie du travail de la personne demandeuse.
- Une trame de questions précises et structurées pour guider cette étape d’auto-observation puis la conduite de la revue à proprement parler. Les questions sont des questions ouvertes pour susciter la réflexion.
Avant la revue, le demandeur prépare son auto observation. La trame de questions l’invite à mesurer le chemin parcouru, à considérer ses apports, à revisiter ses réussites et ses difficultés et à faire part de ses apprentissages. La personne est aussi conviée à se projeter pour partager ses envies de contribution sur la période à venir, à définir ses objectifs et à solliciter ses collègues pour l’aider à les atteindre.
Étape 1 : le démarrage et l’inclusion
Une fois cette étape préparatoire achevée, la revue appréciative peut débuter. Un facilitateur est choisi au sein du groupe pour guider le processus et rythmer les différents temps de la revue appréciative. Chacun est convié à partager un ressenti à l’entame de la séance. Ce tour d’inclusion offre une première impression collective du contexte de la revue et prend soin de la transition dans cet espace spécifique.
Étape 2 : le partage de l’auto-observation
À cette étape, le demandeur de l’organisation restitue son auto-observation. Son partage n’est pas interrompu. Il ne s’agit pas, à ce stade, d’une discussion et le facilitateur y veille.
Étape 3 : les questions par le groupe
Chacun des participants, à tour de rôle, pose au demandeur de l’organisation des questions de clarification ou d’approfondissement. Le demandeur observe et écoute. Il ne répond pas à ces questions.
Étape 4 : l’intégration par le demandeur
Cette phase est réservée au demandeur. Il partage ses réflexions sur les questions reçues. Il laisse son propre ressenti guider ses réponses.
Étape 5 : les reflets par le groupe
Chacun des participants, encore une fois à tour de rôle, partage ses réflexions sur le travail accompli avec le demandeur. Ils expriment ce que cette expérience leur a apporté de plus précieux et les domaines dans lesquels ils perçoivent des possibilités de croissance pour le demandeur.
Étape 6 : l’intégration par le demandeur
Le demandeur intègre les réflexions émises par le groupe. Il partage ce qu’il a appris sur lui-même à travers cette expérience et ce dont il a besoin, que ce soit de la part des participants ou de son organisation, pour progresser.
Étape 7 : la conclusion
Tous les participants concluent la revue en partageant les bienfaits qu’ils ont retirés de cette rencontre, tant sur le plan personnel que professionnel. Ils expriment ce que cette expérience leur a apporté.
Étape 8 : la fin de la rencontre
La revue se termine sur une note positive, avec une vision plus claire et une compréhension approfondie des forces et des opportunités à exploiter. C’est le moment où les participants quittent la séance, enrichis de cette expérience collective.
Après avoir animé, avec mon collègue Yann Salètes, cette revue appréciative au sein de l’association Horizons à Meylan. J’ai proposé à Delphine, sa directrice, de nous partager son expérience. Voici son retour :
C’est un temps encadré de retour sur son travail par ses pairs. Des retours riches, touchants pour certains, qui m’ont remplie d’une belle énergie pour poursuivre mes missions. Cela donne un regard sur soi que l’on a pas, une vision de son action que l’on ne sent pas. C’est très « porteur » et « reboostant ». C’est un peu comme si on recevait des petits cadeaux inattendus par les membres de son équipe ».
En adoptant ce processus d’évaluation entre pairs, j’ai pu observer ses bénéfices. La culture du droit à l’erreur et de l’apprentissage s’ancre progressivement dans notre organisation. L’expression de la gratitude se fraye un chemin et participe à tisser des relations professionnelles basées sur l’authenticité et la confiance. Elles sont un terreau pour le développement de notre Scop. On se sent ainsi mieux équipé pour relever les défis à venir.
Solen Bel Latour
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