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On ment tous. Oui, même vous. Un petit arrangement avec la réalité par-ci, une vérité oubliée par-là. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas toujours mal. Parce que le mensonge, c’est un peu comme un couteau : il peut couper, blesser, mais il peut aussi sculpter, protéger. Ce qui compte, c’est ce qu’on en fait.

Mais pourquoi mentons-nous ? Est-ce pour protéger quelqu’un ? Pour éviter un conflit ? Ou juste parce que ça nous arrange ? Le plus fascinant, c’est que derrière chaque mensonge se cache une intention, un besoin. Et ces choix, qu’on le veuille ou non, en disent beaucoup sur nous.

Dans cet article, je ne vais pas jouer au moralisateur. Pas de grandes leçons sur le bien et le mal. Je veux qu’on aille plus loin. Pourquoi le mensonge est-il si universel ? Peut-on vraiment détecter une tromperie ? Et surtout, comment réconcilier mensonge et vérité dans nos vies ? On parlera aussi d’honnêteté radicale, cette pratique audacieuse qui nous invite à dire ce qu’on pense, sans détour mais avec soin. Pas facile, hein ?

Alors, préparez-vous. Ici, on ne cherche pas à juger, mais à comprendre. Parce qu’au fond, que ce soit dans nos vérités brutes ou nos illusions bienveillantes, je crois que nous humains, essayons vraiment de faire de notre mieux !

1. Définir le mensonge : un acte complexe et contextuel

1.1 Le mensonge selon Marwan Méry

Le mensonge, c’est un art. Un art que l’on pratique tous, parfois sans même s’en rendre compte. Marwan Méry, dans son livre Vous mentez !: Détecter le mensonge, démasquer les menteurs, nous rappelle que mentir, ce n’est pas juste dire quelque chose de faux. C’est bien plus subtil que ça. C’est agir sur la perception de l’autre pour l’amener à croire ce qu’on veut qu’il croit. C’est de l’intention pure. Pas de hasard, pas d’improvisation.

Méry découpe le mensonge en trois formes principales :

  • L’altération : Vous tordez un peu la vérité, comme on ajuste une histoire pour la rendre plus crédible. « Je n’ai pris que 50 euros », alors que vous savez bien que c’était 100.
  • La suppression : Là, on joue franc jeu… sauf qu’on efface toute une partie de la vérité. « Non, je n’ai rien vu », quand en fait, vous avez tout vu.
  • L’omission : Le grand classique. Vous donnez une partie de l’information, juste assez pour orienter l’autre sans trop en dire. Une vérité tronquée, mais techniquement pas fausse.

Et ce qui rend le mensonge si fascinant, c’est qu’il n’a pas de morale en soi. Ce n’est ni bon ni mauvais : tout dépend de pourquoi et comment on l’utilise. Mentir pour sauver la vie de quelqu’un, c’est autre chose que mentir pour obtenir une promotion.

Le mensonge, c’est humain, profondément. Ce n’est pas une trahison systématique, c’est un mécanisme de survie, une manière de naviguer dans la complexité de nos vies et de nos relations. Et si vous pensez ne jamais mentir, désolé, mais vous venez peut-être de vous mentir à vous-même.

1.2 Les motivations du mensonge

Pourquoi on ment ? La vraie question serait presque : pourquoi on ne ment pas plus souvent ? Parce qu’en réalité, nos mensonges ont souvent une bonne raison d’exister. Marwan Méry, dans Vous mentez !: Détecter le mensonge, démasquer les menteurs, explore ces motivations. Et spoiler : elles sont rarement gratuites.

1. Pour protéger

C’est le mensonge « bienveillant ». Celui qu’on utilise pour ne pas blesser, pour apaiser. Vous savez, comme quand vous dites à un ami que sa nouvelle coupe lui va bien alors qu’elle est… discutable. Pas de gain personnel ici, juste une envie de préserver l’autre.

2. Pour éviter le conflit

Vous mentez parce que la vérité complique les choses. « Je ne peux pas venir, j’ai un truc de prévu », alors que vous n’avez rien. Vous esquivez une confrontation, vous vous épargnez une situation inconfortable. C’est simple. C’est pratique.

3. Pour briller

Ah, le mensonge pour se valoriser. Exagérer un peu son CV, raconter des exploits qui n’ont jamais eu lieu, ou se donner des airs d’expert dans un dîner. Ici, on ment pour gonfler l’image qu’on projette aux autres.

4. Pour gagner quelque chose

Le mensonge utilitaire. Là, on est dans l’efficacité froide : mentir pour obtenir une promotion, pour éviter une sanction, pour s’assurer un avantage. C’est stratégique, mais risqué. Si ça passe, jackpot. Si ça casse, c’est la chute libre.

5. Pour fuir une conséquence

C’est le mensonge « j’ai pas le choix ». Comme l’enfant qui dit « on m’a volé ma trousse » pour éviter de se faire gronder. Ou l’adulte qui invente une excuse bidon pour justifier un retard. C’est basique, mais ça fonctionne… parfois.

6. Pour le fun

Oui, certains mentent juste pour le plaisir. Pas de raison logique, pas d’objectif clair. Juste une forme de jeu, voire de pathologie. Et ça, c’est un tout autre terrain.

Chaque mensonge, au fond, raconte une histoire : celle d’un besoin, d’une peur ou d’une aspiration. On ment rarement « pour rien ». C’est toujours pour protéger quelque chose, que ce soit soi-même, un lien ou une opportunité. Alors, la prochaine fois que vous mentez, demandez-vous : Qu’est-ce que je cherche à préserver ?

1.3 Idées reçues sur la détection du mensonge

Soyons honnêtes : on aime tous penser qu’on peut détecter un mensonge. Un regard qui fuit, une hésitation dans la voix, et hop, le menteur est démasqué… Vraiment ? Eh bien, détrompez-vous. D’après Marwan Méry, nos compétences naturelles pour flairer une tromperie frôlent le niveau d’un pile ou face : 50 % de réussite, pas plus. Oui, ça pique un peu l’ego.

Le mythe du « je le savais »

Le vrai problème, c’est qu’on se croit bons. Trop bons. On surestime nos capacités et on fait confiance à des clichés. Vous savez, ce fameux « s’il croise les bras, il ment » ou « elle rougit, donc elle cache quelque chose ». En réalité, la plupart de ces signaux sont… bidons. Ce n’est pas parce que votre interlocuteur évite votre regard qu’il ment ; il est peut-être juste mal à l’aise (ou qu’il a mal dormi, qui sait).

On appelle ça le biais de confiance et de surconfiance.

Et les pros dans tout ça ?

Vous pensez que les policiers, juges ou psy sont imbattables pour détecter les menteurs ? Raté. Selon Méry, même ces professionnels, exposés au mensonge au quotidien, atteignent à peine le niveau du hasard. La seule exception ? Les agents des services secrets, qui frôlent les 80 % de réussite. Mais bon, eux, c’est un autre niveau. Quant à nous, simples mortels, il va falloir faire mieux.

Quand le contexte fait tout

Parfois, certaines personnes développent une vraie aptitude à détecter la tromperie. Pas parce qu’elles sont nées avec un « super-pouvoir », mais parce que leur vie les a poussées à être hyper attentives. Les enfants issus de foyers instables, par exemple, apprennent à lire entre les lignes pour survivre. Et les aphasiques ? Privés de langage, ils compensent en devenant experts dans la lecture des micro-expressions.

Peut-on s’améliorer ?

Bonne nouvelle : détecter un mensonge, ça s’apprend. Entraîner son regard à capter les incohérences, croiser les indices verbaux et non verbaux, et surtout, calmer ses jugements hâtifs. Mais soyons clairs : il n’y aura jamais de méthode infaillible. Ce que Méry nous apprend, c’est que démasquer un mensonge, c’est avant tout rester humble et ouvert, plutôt que de se fier à des intuitions bancales.

Alors, la prochaine fois que vous êtes sûr de tenir un menteur… prenez une grande respiration. Peut-être que le vrai mensonge, c’est ce que vous pensez savoir.

2. Mensonge et honnêteté : une dualité polarisante

2.1 Polarités en tension

Mensonge ou vérité ? On adore se poser en chevaliers de la transparence, mais la réalité est bien plus subtile. Dire toute la vérité, tout le temps, ça vous semble tenable ? Moi non. Et mentir, c’est si facile que ça ? Pas vraiment non plus. Ces deux forces, mensonge et honnêteté, sont comme deux pôles d’un aimant : inséparables, complémentaires… et parfois franchement opposés.

Les deux visions de l’éthique : Kant vs. Benjamin Constant

Prenons un peu de hauteur. D’un côté, on a Kant, le philosophe un poil rigide ! Pour lui, le mensonge, c’est le mal absolu. Il faut dire la vérité quoi qu’il arrive. Même si un meurtrier vous demande où se cache votre meilleur ami, vous devez répondre honnêtement. Oui, vous avez bien lu : même dans ce cas-là. Pour Kant, mentir, c’est trahir la confiance qui lie les hommes entre eux. En gros, ça ruine tout.

De l’autre, Benjamin Constant, qui nous dit : « Attendez deux secondes, soyons pragmatiques. » Si votre mensonge sauve une vie, alors il est justifié. Pas question de rester coincé dans un principe rigide quand les conséquences sont désastreuses. C’est ce qu’on appelle l’éthique des conséquences : ce n’est pas l’intention qui compte, mais l’effet réel de l’action.

Et dans la vraie vie, on fait quoi ?

Je ne sais pas pour vous, mais moi, je navigue souvent entre ces deux extrêmes. Parfois, il vaut mieux dire la vérité, même si ça pique. D’autres fois, un petit mensonge bien placé peut désamorcer une bombe. Ce n’est pas toujours confortable, mais c’est humain. Alors, est-ce qu’on doit choisir un camp ? Pas si sûr. Peut-être qu’il faut apprendre à jongler avec ces polarités, sans se perdre dans des dogmes qui ne tiennent pas face à la complexité de la vie.

2.2 La dynamique des polarités

Et si mensonge et vérité n’étaient pas des ennemis jurés, mais des partenaires inséparables dans la danse de nos vies ? Après tout, l’un n’existe que par rapport à l’autre. Vous n’appréciez une vérité brute que si elle contraste avec le flou d’une illusion. Et parfois, un mensonge vous pousse à chercher une vérité plus profonde. Bref, c’est moins un duel qu’un duo. vous pouvez lire mon article sur le management des polarités

La vérité nue… ou habillée ?

Dans la vie, on adore se dire qu’on est du côté de la « vérité ». Mais soyons sérieux : qui dit tout ? Imaginez un monde où chaque pensée, chaque opinion serait lâchée sans filtre. « Oui, tu m’énerves », « Non, ton idée est mauvaise », « Oui, cette tenue te grossit ». Avouez, ce serait invivable. On choisit donc souvent de dire la vérité « habillée », polie, ajustée pour ne pas heurter. Est-ce encore la vérité ? Ou déjà une forme de mensonge ? La frontière est fine.

Le mensonge : poison ou remède ?

À l’inverse, un mensonge peut être un remède temporaire. Imaginez une situation tendue avec un collègue. Vous pourriez balancer tout ce que vous pensez et vous offrir un soulagement immédiat. Mais à quel prix ? Le mensonge, ici, peut désamorcer, apaiser, gagner du temps. Ce n’est pas glorieux, mais c’est efficace.

C’est là que tout devient intéressant : la vérité peut blesser, et le mensonge peut réparer. Et inversement. Tout dépend du contexte.

Au-delà de l’opposition : un duo inséparable

Mensonge et vérité ne sont pas des ennemis. Ce sont deux faces d’une même pièce, des outils qu’on utilise en fonction des circonstances. La clé, ce n’est pas d’en choisir un, mais de comprendre quand et comment les utiliser. Dire une vérité qui aide. Mentir pour protéger. Trouver cet équilibre, c’est l’enjeu.

Alors, la prochaine fois que vous êtes face à ce choix, demandez-vous : Qu’est-ce qui sert le mieux ce moment, cette relation ? Une vérité qui libère ou un mensonge qui protège ? Peut-être qu’il ne s’agit pas de prendre parti, mais d’assumer votre rôle dans cette danse subtile entre ombre et lumière.

2.3 L’éthique intégrale de Ken Wilber et la Spirale Dynamique

Mentir ou dire la vérité, ce n’est jamais aussi simple qu’un choix entre blanc et noir. Nos décisions sont influencées par bien plus que l’instant présent : elles s’ancrent dans nos valeurs, nos croyances, et même notre niveau de conscience. Ken Wilber avec la théorie intégrale et la Spirale Dynamique offrent des outils précieux pour mieux comprendre cette complexité.

Des niveaux de conscience, des manières de mentir

On évolue tous à travers des stades de développement, et ces stades dictent souvent notre rapport au mensonge et à la vérité. Faisons le voyage des niveaux de valeurs profonde du modèle de la spirale dynamique :

  • Beige (survie) : Ici, tout est permis pour rester en vie. Mentir, cacher, manipuler, c’est une question de survie, pas de morale.
  • Violet (tribu) : Le mensonge devient un acte collectif. Vous cachez la vérité pour protéger le groupe, pour éviter de déranger l’équilibre sacré du clan.
  • Rouge (pouvoir) : On ment pour dominer, pour imposer sa volonté. C’est brut, c’est direct. Vous exagérez, vous manipulez, parce que vous voulez que les autres vous obéissent.
  • Bleu (ordre) : Là, la vérité est une valeur absolue. On suit les règles. Mentir devient acceptable uniquement si cela sert une cause supérieure ou un dogme.
  • Orange (succès) : L’efficacité avant tout. Vous mentez stratégiquement, si ça peut vous aider à décrocher un contrat ou atteindre vos objectifs. Le résultat justifie souvent les moyens.
  • Vert (communauté) : L’authenticité prime. On dit la vérité, mais toujours avec bienveillance, pour renforcer les liens. Les mensonges blancs ? Tolérés, tant qu’ils ne blessent personne.
  • Jaune (systémique) : À ce niveau, le mensonge et la vérité deviennent des outils. Vous les utilisez consciemment, en fonction du contexte, pour gérer la complexité d’un système.
  • Turquoise (holistique) : Ici, on dépasse la dualité. La question n’est plus « dois-je mentir ou dire la vérité ? » mais « quel acte est le plus aligné avec une vision plus vaste, pour le bien collectif ? »

Les quatre quadrants : une grille pour comprendre nos choix

Ken Wilber ajoute une autre couche à cette réflexion avec sa théorie des quadrants. Selon lui, chaque acte, y compris un mensonge ou une vérité, peut être analysé sous quatre angles :

  • Individuel intérieur (ce que je ressens, mes intentions) : Suis-je aligné avec mes valeurs en mentant ou en disant la vérité ?
  • Individuel extérieur (ce que je fais, ce que les autres voient) : Est-ce que mes mots ou mes actes reflètent ce que je veux vraiment transmettre ?
  • Collectif intérieur (la culture, les croyances partagées) : Mon choix respecte-t-il les valeurs et normes du groupe auquel j’appartiens ?
  • Collectif extérieur (les systèmes, les règles sociales) : Est-ce que mon mensonge ou ma vérité impacte positivement ou négativement la structure dans laquelle j’évolue ?

Ces quadrants nous rappellent que mentir ou dire la vérité, ce n’est jamais un acte isolé. Chaque choix s’inscrit dans un réseau complexe d’intentions personnelles, d’interactions sociales, de croyances partagées et de systèmes organisés.

Devenir acteur de vos choix

Le vrai défi, c’est de devenir conscient de ces mécanismes. Si vous mentez, pourquoi ? Si vous dites la vérité, pour qui ? Ce n’est pas une question de bien ou de mal, mais d’alignement. Êtes-vous en phase avec vos valeurs ? Avec le contexte ? Avec la personne en face de vous ?

Naviguer entre mensonge et vérité, c’est accepter que la vie est complexe. Ce n’est pas toujours propre, pas toujours parfait. Mais si vos choix sont éclairés par une conscience claire et une intention sincère, alors vous ne serez jamais perdu dans cette danse subtile entre ombre et lumière.

3. Au-delà de la morale : une réflexion sur les valeurs profondes

3.1 Repenser les notions de « bien » et « mal »

« Mentir, c’est mal. Dire la vérité, c’est bien. » Combien de fois on nous l’a martelé ? Mais à force de simplifier, on en oublie que la vie, elle, est tout sauf simple. Et si on arrêtait de juger le mensonge et la vérité comme des camps ennemis, pour plutôt s’interroger sur ce qu’ils signifient vraiment ? Essayer de comprendre nos intentions et les conséquences de nos actes ?

Un petit podcast de Charles Pépin qui pourra vous inspirer sur ce sujet !

Quand le mensonge fait plus de bien que la vérité

Prenons un exemple : vous avez un ami dans une situation fragile, et il vous demande votre avis sur son projet. Vous n’y croyez pas du tout. Dire la vérité brute, c’est le détruire. Mentir, c’est lui donner un espoir temporaire. Alors, que faites-vous ? La morale rigide dirait : « Toujours la vérité, rien que la vérité. » Mais la réalité, c’est que tout dépend. Mentir pour protéger quelqu’un, c’est toujours mal ? Dire une vérité qui blesse, c’est toujours bien ?

La morale rigide, ça coince

Kant, ce bon vieux philosophe, dirait que mentir est toujours mal. Même pour sauver une vie. Pour lui, mentir, c’est saper la confiance humaine. Pas de négociation possible. Mais franchement, qui vit comme ça ? La vérité absolue, c’est un idéal qui explose souvent quand il rencontre la réalité. Dire à un enfant qu’il n’y a pas de monstres sous son lit, est-ce vraiment une faute morale ? Non. C’est une façon d’apaiser une peur irrationnelle.

Et si on dépassait le bien et le mal ?

Le mensonge, comme la vérité, n’est pas en soi bon ou mauvais. Tout dépend de l’intention et des conséquences. Vous mentez pour manipuler, pour gagner ? Là, on est sur un terrain glissant. Mais si vous mentez pour préserver quelqu’un ou éviter une souffrance inutile ? Là, c’est une autre histoire.

Au lieu de poser un jugement moral, pourquoi ne pas adopter une posture éthique ? Posez-vous ces questions :

  • Pourquoi je mens ? Est-ce pour moi ou pour l’autre ?
  • Quel impact aura ce que je dis ?
  • Suis-je en alignement avec mes valeurs, ou en train de me trahir ?

Ce qui compte, c’est la clarté

Le vrai enjeu, ce n’est pas de choisir entre « mentir ou dire la vérité ». C’est d’être clair avec soi-même sur ses intentions. La prochaine fois que vous êtes face à un dilemme, ne cherchez pas à savoir si c’est « bien » ou « mal ». Demandez-vous : « Est-ce que je me respecte, et est-ce que je respecte l’autre, en disant ça ? »

3.2 Les valeurs profondes comme boussole

Mentir ou dire la vérité, c’est rarement un choix simple. Mais si on creuse un peu, nos décisions révèlent toujours quelque chose de plus profond : nos valeurs. Ces principes qui nous définissent, qui influencent nos comportements, souvent sans qu’on s’en rende compte. Alors, que dit votre dernier mensonge de vous ? Ou votre dernière vérité brutale ?

Vos valeurs et l’honnêteté

Notre rapport à l’honnêteté change en fonction de ce que nous valorisons dans nos vies. Chaque niveau de la Spirale Dynamique apporte une vision unique de ce que signifie « être honnête ». Voici comment l’honnêteté s’exprime (ou non) à chaque étape de cette évolution :

  • Beige (Survie) : Honnêteté ? Ce concept n’existe même pas. Ici, c’est la survie avant tout. Dire ou cacher, peu importe, tant que cela vous maintient en vie.
  • Violet (Tribu) : Être honnête, c’est être loyal envers le clan. Vous dites ce qui renforce les liens familiaux ou communautaires, quitte à omettre des vérités qui pourraient nuire à l’unité du groupe. L’honnêteté devient un acte collectif, pas individuel.
  • Rouge (Pouvoir) : L’honnêteté est un outil de domination. Vous êtes honnête si cela renforce votre position ou montre votre force. Mais si la vérité vous affaiblit, vous la tordez sans hésiter.
  • Bleu (Ordre) : Ici, l’honnêteté est un devoir moral. Dire la vérité est une vertu en soi, une règle absolue dictée par les lois, la religion ou un code éthique. Mentir est une faute grave, sauf si cela sert un idéal supérieur, comme défendre une cause juste.
  • Orange (Succès) : L’honnêteté est stratégique. Elle n’est pas une fin, mais un moyen. Vous êtes honnête si cela vous permet d’atteindre vos objectifs, de construire une réputation solide ou de gagner la confiance des autres. Sinon, vous adaptez la vérité pour maximiser vos chances de succès.
  • Vert (Communauté) : Être honnête, c’est être authentique. Mais l’honnêteté doit être douce, bienveillante, et jamais brutale. Vous dites la vérité pour renforcer les relations, mais vous acceptez les petits mensonges blancs si cela protège les émotions des autres.
  • Jaune (Systémique) : À ce stade, l’honnêteté devient contextuelle. Vous comprenez que la vérité n’est pas universelle, mais qu’elle dépend du cadre, des relations, et des systèmes en jeu. Être honnête, c’est trouver le juste équilibre entre dire et taire, pour servir une vision plus large.
  • Turquoise (Global) : Ici, l’honnêteté transcende les frontières personnelles et relationnelles. Elle devient un alignement total entre vos mots, vos intentions et une vision globale du bien commun. Mentir ou dire la vérité, peu importe, tant que vos actions restent alignées avec une harmonie universelle.

Quand l’honnêteté devient une question de valeurs

Ce qui compte, ce n’est pas tant de « dire la vérité » ou « de ne jamais mentir », mais de comprendre ce que signifie l’honnêteté pour vous. Votre niveau de conscience influence vos choix, mais ce qui les rend puissants, c’est la clarté de vos intentions et l’alignement avec vos valeurs.

Alignement ou trahison ?

Le problème, ce n’est pas de mentir ou de dire la vérité. Le problème, c’est de le faire sans réfléchir, sans se demander si ça correspond vraiment à ce qu’on veut. Chaque fois que vous mentez, vous devriez vous poser une question simple : Est-ce que je suis en train de respecter mes valeurs ou de me trahir ?

Dire la vérité pour soulager votre conscience, mais au prix de blesser quelqu’un, est-ce vraiment aligné avec vos principes ? Mentir pour éviter un conflit, mais en sacrifiant votre intégrité, est-ce le genre de personne que vous voulez être ?

Les valeurs comme guide

La vraie clé, ce sont vos valeurs profondes. Si vous êtes clair sur ce qui compte vraiment pour vous – la bienveillance, l’authenticité, l’efficacité – alors chaque décision devient plus simple. Pas facile, mais claire. Et ça change tout.

Alors, à la prochaine croisée des chemins entre mensonge et vérité, faites une pause. Ne vous demandez pas si c’est bien ou mal. Demandez-vous : Est-ce que ça reflète la personne que je veux être ?

4. Entre illusions et vérités : explorer l’humanité derrière le mensonge

4.1 Les bénéfices cachés du mensonge

Et si le mensonge n’était pas toujours le vilain de l’histoire ? Soyons réalistes : mentir peut parfois avoir des effets positifs. Ça choque ? Pourtant, des exemples concrets nous montrent que les bénéfices du mensonge sont bien réels, même s’ils restent cachés.

Fluidifier les relations sociales

Le mensonge est souvent l’huile dans les rouages des interactions humaines. Les « mensonges blancs » jouent un rôle clé dans le maintien de la courtoisie et de la paix sociale :

  • Répondre « Ca va, merci » quand un collègue demande comment vous allez, alors que vous êtes épuisé.
  • Complimenter un plat pour ne pas blesser la personne qui l’a préparé avec amour.

Ces petits mensonges ne sont pas des actes de trahison, mais des outils pour naviguer dans un monde où la vérité brute n’est pas toujours bienvenue.

Protéger les émotions des autres

Parfois, mentir est un acte de protection. Dire la vérité peut blesser, voire détruire, là où un mensonge bien intentionné peut préserver l’autre. Exemple classique : rassurer un enfant effrayé en lui affirmant qu’il n’y a pas de monstre sous son lit, même si vous savez que ses peurs ne sont pas rationnelles.

Servir un objectif supérieur

Certains mensonges, souvent plus lourds, ont des implications collectives. Les mensonges d’État, par exemple, peuvent être justifiés dans des contextes de négociation ou de crise. Une information partiellement vraie peut sauver des vies dans une prise d’otages ou empêcher une panique généralisée. Dans ces cas-là, le mensonge devient un outil stratégique.

Quand le mensonge aide à évoluer

Enfin, certains mensonges peuvent avoir un impact inattendu : nous pousser à grandir. Mentir sur ses compétences dans un contexte professionnel, par exemple, peut vous amener à relever des défis que vous n’auriez jamais osé affronter autrement. Attention toutefois à ne pas confondre ambition et tromperie.

Le mensonge n’est pas toujours l’ennemi. Il peut être un allié, un amortisseur, voire un levier pour le bien collectif. Mais comme tout outil puissant, il doit être utilisé avec précaution et intention. La question à se poser n’est donc pas « Est-ce mal de mentir ? », mais plutôt : « Pourquoi je mens et à quoi cela sert-il ? »

4.2 L’équilibre entre vérité et fiction

La vie n’est pas un tribunal où chaque mot doit être pesé pour prouver une vérité absolue. Nous jouons des rôles, nous enjolivons, nous simplifions – parfois pour nous protéger, parfois pour mieux vivre ensemble. Mais où s’arrête la vérité, et où commence la fiction ? Et si ces deux notions n’étaient pas aussi opposées qu’on le croit ?

Le théâtre de nos vies

Raconter une histoire, c’est déjà jouer avec la vérité. Au quotidien, nous interprétons nos rôles selon les contextes : professionnel au bureau, complice avec nos amis, affectueux avec nos proches. Chaque rôle implique une mise en scène, une forme de « mentir vrai », comme le disait Aragon. Ce n’est pas de la tromperie, mais une façon de s’adapter à la complexité de nos relations.

Dire à un collègue « Ça va super » alors que vous êtes épuisé n’est pas un mensonge au sens strict : c’est une manière d’affirmer que vous êtes en mesure de tenir votre rôle, même temporairement. C’est une fiction sociale, au service de la fluidité.

Quand la fiction éclaire la vérité

La littérature, le théâtre ou même un simple récit personnel sont autant d’exemples où l’on « ment » pour révéler une vérité plus profonde. Pensez à un roman d’amour ou à une pièce de théâtre : l’histoire est inventée, mais elle nous parle de réalités universelles, comme l’amour, la trahison, ou la condition humaine. Ce type de mensonge – ou de fiction – ne cache pas la vérité, il la met en lumière.

Dans nos vies, c’est pareil. Une anecdote enjolivée peut mieux transmettre une émotion qu’un récit brut et plat. Parfois, une vérité rigide empêche de faire passer le message. Alors, on arrange un peu, non pour tromper, mais pour mieux transmettre.

L’art de doser entre vérité et fiction

La clé, c’est l’intention. Êtes-vous en train de mentir pour manipuler, ou d’ajuster la réalité pour mieux connecter avec l’autre ? Cette distinction est cruciale. Un mensonge qui inspire, qui rassure ou qui fait avancer n’a pas la même portée qu’un mensonge qui cache une faute ou détruit une relation.

Alors, dans ce théâtre qu’est la vie, laissons une place à la fiction. Pas pour trahir, mais pour enrichir. Car parfois, c’est dans les histoires que nous racontons – à nous-mêmes comme aux autres – que se trouve la vérité la plus profonde.

5. Vers une éthique relationnelle intégrative

Fini les « dire toute la vérité » contre « mentir est mal ». Ce duel manichéen est dépassé. La vérité et le mensonge ne sont ni bons ni mauvais en eux-mêmes : ce qui compte, c’est ce qu’on en fait. Et si on lâchait cette obsession de la morale pour bâtir une éthique plus fluide, plus relationnelle, où chaque décision s’aligne sur nos intentions, nos valeurs et le contexte ?

Mensonge et vérité : des outils, pas des dogmes

Dans une relation, chaque mot que vous prononcez est un choix. Et ce choix n’est pas toujours simple. Dire la vérité, même brute, peut créer une brèche ou une blessure. Mentir, même légèrement, peut préserver un équilibre ou tout détruire s’il est découvert. Plutôt que de se demander ce qui est « bien » ou « mal », posez-vous les bonnes questions :

  • Est-ce que je respecte l’autre en disant ça ?
  • Est-ce que je respecte mes valeurs ?
  • Quelle est la conséquence de ce que je choisis de dire (ou de taire) ?

Une éthique relationnelle ne repose pas sur des règles rigides, mais sur une capacité à naviguer avec conscience dans les zones grises de la communication.

L’honnêteté radicale : un pilier, pas une rigidité

C’est ici que l’honnêteté radicale prend tout son sens. Cette pratique, qui consiste à dire sa vérité de manière directe mais bienveillante, n’est pas un dogme figé. Elle ne signifie pas tout balancer sans filtre ou blesser sous prétexte d’être sincère. Loin de là. Elle s’inscrit dans une éthique relationnelle où l’on choisit ses mots avec soin pour construire, pas pour détruire.

Si vous pratiquez l’honnêteté radicale, vous savez que le cœur de cette approche, c’est la clarté. Elle n’est pas incompatible avec une certaine adaptation. Dire la vérité n’exclut pas d’ajuster le timing, la manière ou les mots pour respecter l’autre et le contexte.

L’honnêteté fluide et radicale : deux alliées

L’honnêteté fluide, que j’évoquais plus haut, n’est pas une trahison de l’honnêteté radicale. Elle en est une déclinaison dans des contextes plus complexes. Il ne s’agit pas de masquer, mais de choisir comment et quand dire sa vérité :

  • Parfois, l’honnêteté radicale exige de poser des mots clairs immédiatement, pour éviter toute ambiguïté.
  • D’autres fois, l’honnêteté fluide invite à temporiser ou à adapter son discours pour préserver une relation fragile ou un équilibre collectif.

Ces deux approches ne s’opposent pas : elles se complètent. Elles permettent de conjuguer transparence et respect, sincérité et bienveillance.

Faire des choix alignés

La vraie question, quand vous hésitez entre mensonge et vérité, n’est pas « dois-je mentir ou non ? » mais « comment puis-je être honnête tout en respectant l’autre et moi-même ? ». Que ce soit à travers l’honnêteté radicale ou fluide, ce qui importe, c’est de rester aligné avec vos valeurs et vos intentions.

Conclusion : Le mensonge, une affaire humaine

Je vais être direct : on ment tous. Et si vous pensez le contraire, eh bien… c’est peut-être déjà un mensonge. Mais est-ce vraiment si grave ? Pas forcément. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de savoir si vous mentez, mais pourquoi vous le faites. Et, surtout, ce que ça dit de vous.

Le mensonge, ce n’est pas juste « le mal », et la vérité, ce n’est pas toujours « le bien ». C’est plus subtil que ça. Dans nos vies, ces deux forces jouent un rôle, comme des partenaires de danse un peu maladroits parfois, mais indispensables. On ment pour protéger. On dit la vérité pour blesser. On ment pour soi. On dit la vérité pour l’autre. Et tout ça, c’est profondément humain.

Moi, je crois que ce qui compte, ce n’est pas d’opposer mensonge et vérité, mais d’apprendre à les manier avec conscience. Vous pouvez choisir la vérité brute, celle qui tranche. Ou le mensonge bienveillant, celui qui soigne. Ce choix, il n’appartient qu’à vous, mais faites-le pour les bonnes raisons. Pas par peur. Pas par confort. Mais en restant aligné avec vos valeurs.

Et puis il y a l’honnêteté radicale. Un concept que j’aime défendre, parce qu’il bouscule nos habitudes. Elle nous pousse à être clairs, même quand c’est inconfortable. Mais attention : honnêteté radicale ne veut pas dire brutalité. C’est un art. Celui de dire les choses vraies, sans briser l’autre, sans vous trahir non plus.

Alors, à la prochaine intersection entre mensonge et vérité, faites une pause. Posez-vous cette question : Qu’est-ce que je veux vraiment construire ici ? Parce qu’au final, mentir ou dire la vérité, ce n’est pas une simple décision. C’est un acte qui vous engage, vous révèle, et qui, dans un sens, vous rend profondément humain.

 

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Les mensonges blancs

Un mensonge blanc est une petite déformation de la vérité, souvent perçue comme inoffensive, qui vise à éviter de blesser quelqu’un, à préserver l’harmonie sociale ou à simplifier une situation. Contrairement aux mensonges plus graves ou manipulatoires, le mensonge blanc est généralement motivé par des intentions bienveillantes.

Exemples de mensonges blancs :

  • Dire à un ami : « Ta présentation était super ! » alors que vous pensez qu’il pourrait améliorer certains points, mais vous ne voulez pas le décourager.
  • Répondre « Ça va très bien, merci » à un collègue, même si vous avez eu une mauvaise journée, pour éviter une discussion inconfortable.
  • Complimenter une tenue ou un plat : « J’adore cette robe sur toi », « Ce dîner était délicieux » alors que vous n’êtes pas convaincu.

Pourquoi on les utilise :

  • Préserver les émotions : On veut éviter de blesser ou de déstabiliser une personne.
  • Faciliter les interactions : Parfois, une vérité brute pourrait compliquer inutilement une situation.
  • Maintenir la paix sociale : Les mensonges blancs contribuent souvent à la politesse et aux codes de courtoisie.

Les débats autour du mensonge blanc :

  • Les pour : Ils sont considérés comme une forme de tact ou de bienveillance, et peuvent renforcer les relations en évitant des conflits inutiles.
  • Les contre : Même un petit mensonge peut miner la confiance, surtout s’il est découvert. Certains estiment aussi que cela revient à sous-estimer la capacité de l’autre à accepter une vérité.

Bref, les mensonges blancs, bien qu’inoffensifs en apparence, soulèvent des questions sur notre rapport à la vérité et à la sincérité dans les relations. 😊

 

Aliocha Iordanoff

Aliocha Iordanoff

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