Cela fait maintenant 7 ans que nous avons pris l’habitude de faire des retraites d’équipe au vert pendant quelques jours. Au début il ne s’agissait que d’une journée ou deux. Avec le temps et nos relations s’approfondissant, nous avons commencé à rallonger le format pour en faire de vrais moments suspendus sur plusieurs jours de suite.
Aujourd’hui je vous embarque dans notre dernière retraite d’équipe à l’été 2022 en espérant que vous y trouverez une source de réflexion.
Tout commence par l’anticipation
Nous sommes aujourd’hui une équipe de 12 personnes, toutes assez occupées sur le terrain et dans nos vies en général. Autant vous dire que ces quelques jours de retraite sont planifiés au minimum 6 mois à l’avance pour être sûrs d’assurer la présence de l’entièreté de l’équipe !
Des rôles clairement répartis dans l’équipe
Il y a ceux qui s’occupent de la partie choix du lieu, ceux qui s’occupent de la partie victuailles, rôle qui n’est pas des moindre vu la proportion que prend la gourmandise et les bonnes choses dans nos temps d’équipe, et enfin ceux qui s’occupent de la partie purement technique, matériel de travail etc. Ces rôles tournent dans l’équipe si bien que l’organisation n’a jamais été un poids, et génère plutôt de l’enthousiasme et du soin par ceux qui s’en occupent !
Le choix du lieu, pierre angulaire d’une retraite réussie !
Bien que le lieu à lui seul, ne suffise pas, il reste un paramètre qui peut tout changer. Depuis plusieurs années nos choix se sont portés sur différents endroits, générateurs d’un sentiment de retrait du monde, propice à nos échanges de fond, nos partages spirituels et opérationnels sur notre organisation. Nous nous sommes rendus compte de l’importance du beau qui infuse nos échanges discrètement. Parmi les exemples les plus récents :
Un chalet dans le Beaufortain qui nous a permis d’écrire notre livre en une semaine sous la neige
Une ancienne ferme dans le Trièves avec un bain Norvégien dans lequel nous avons posé notre vision à l’hiver 2022
Une maison en Bretagne dans laquelle nous avons expérimenté pour la première fois une semaine ensemble mêlant travail opérationnel et temps de réflexion sur notre avenir de SCOP.
Et cet été un chalet d’alpage perché à 2400 m dans la vallée de la Maurienne, lieu dans lequel s’est produit ce que je m’apprête à partager avec vous.
Tous ces endroits ont de commun un isolement du monde, confortable pour respecter les espaces individuels, ouverts et lumineux sur la grande nature, entourés du silence des grands espaces ou du son des éléments.
Le séjour commence avec une grande randonnée en équipe, pendant laquelle nous avons pris de la hauteur, littéralement parlant avec un bon dénivelé et des paysages grandioses, un soleil éclatant. Comme une invitation à sortir du quotidien, à se ressourcer devant la beauté du monde, à se replacer humblement dans l’immensité de la nature, à la fois individuellement et tous ensemble.
Ce premier temps a généré une vraie détente, de la complicité entre les membres les plus anciens et les nouveaux arrivés depuis quelques mois. Créer des souvenirs communs hors du temps génère une puissante connexion dès le départ. Sur le chemin des discussions à 2 ou 3 se sont engagées par-ci par-là.
Un endroit idéal pour rentrer en introspection et partager
Le lendemain nous avons mené des revues appréciatives. Il s’agit d’une heure consacrée à un membre de l’équipe qui prend un temps pour regarder les éléments de satisfaction, mais aussi les obstacles rencontrés et les progrès sur une période écoulée. Puis l’équipe offre un temps de miroir avec des questions et un partage de ce qu’elle trouve de précieux dans le fait de travailler avec le membre dont la revue est en train d’être faite. C’était la première fois que nous faisions ce travail de mise au centre de chaque membre de l’équipe. Cela a généré beaucoup d’émotions, d’écoute sincère et silencieuse, de partages intimes et enfin d’ouverture et de confiance mutuelle. Évidemment chaque membre est libre de partager ce qu’il souhaite, personne n’oblige personne.
Pratiquer cet exercice dans les alpages, isolés du monde, dans un cocon protégé, dans la douceur de l’air d’été, a été une vraie révélation pour notre équipe. Cela fait des années que nous avons des relations privilégiées et que nous recherchons sans cesse des espaces d’approfondissement de nos liens, nous avons trouvé là un format accélérateur d’intégration. Une de nos futures associées arrivée en mai a osé jouer le jeu et cela a permis d’augmenter considérablement, dans un temps très court, notre complicité et notre perception de la façon dont elle vit son arrivée dans notre équipe.
Cette première journée d’échanges intenses s’est clôturée avec des temps de partage en binôme avec Aliocha, notre leader, que nous appelons « Tour d’Horizon ». Ces temps d’échanges ont été placés par-ci par-là durant le séjour. Aliocha a pu sentir ses associés et jouer son rôle de soutien quand il le faut, de challenger quand cela est nécessaire.
Une raison d’être évolutive
Depuis notre dernier travail sur notre raison d’être il y a 3 ans, il s’est passé beaucoup de choses dans notre entreprise. Cette étoile polaire évolue comme l’organisation, comme un être vivant qui avance dans la vie et change avec le temps.
Pour vous donner une idée de notre temporalité, notre métier actuel est en place depuis 5 ans, à l’époque nous avions fait un travail d’émergence pour clarifier à quelle étoile polaire nous voulions nous fier pour avancer. Entre temps nous avons eu un projet de fusion avec deux autres organisations qui n’a finalement pas vu le jour, 4 nouvelles personnes sont arrivées, notre offre a évolué avec une spécialisation dans les accompagnements en Holacracy. 6 mois après la clarification de notre vision, nous éprouvions le besoin de retravailler notre raison d’être, dans ce nouveau contexte avec notre équipe qui gagne en maturité et notre taille qui augmente.
Nous avons utilisé les niveaux logiques de Robert Dilts pour faire un travail exploratoire, mélangé à des déplacements dans l’espace pour marquer chaque étape de travail. Chacun a pu se connecter à un souvenir heureux dans la SCOP et expliciter les éléments de la réussite, les compétences exprimées, à quoi cela répond d’important, pour enfin exprimer individuellement la mission de la SCOP. Les marcheurs qui passaient par là ont bien dû se demander que faisait ce groupe abrité sous un parasol dans les alpages qui se déplaçait régulièrement de quelques mètres ! Tant pis nous assumons sereinement notre groupe tout singulier qu’il puisse paraître de l’extérieur !
S’en sont suivis des échanges en petits groupes puis plusieurs propositions. Parmi ces propositions, une personne a été porteuse d’une raison d’être qui lui semblait faire le plus sens. La décision a été prise avec l’aide du processus de décision par consentement. Et oui, les amateurs d’Holacracy savent qu’on parle habituellement de décision intégrative avec la question : « Penses-tu qu’adopter cette raison d’être pourrait causer du tort à l’organisation? » Ici nous avons fait le choix d’utiliser la question posée en sociocratie, qui renvoi à une contribution beaucoup plus incarnée à savoir : « Peux-tu vivre avec cette raison d’être ? «
Le choix de cette question a été guidé par l’idée qu’une fois cette raison d’être adoptée en tant qu’individu dans l’organisation, tout ce qui en découle doit être à son service et donc au service de notre organisation. Son adoption demande donc de l’engagement individuel et une réelle adhésion.
Après la raison d’être quel champ de valeur est important pour nous ?
La seconde partie de la journée a été dédiée à l’explicitation du champ des valeurs qui sont importantes pour notre équipe. Ce concept a été clarifié pour nous lors de notre récent travail sur les sources. Nous sommes partis toutes et tous ensemble pendant 2 jours en Suisse nous former au principe Source. La source est la personne qui initie un projet, elle est rejointe par des sources spécifiques qui viennent contribuer au projet et élargir son champ de vision, de compétence, d’action. La source globale a la responsabilité de clarifier et donner une direction claire à son équipe, les valeurs en font partie. Qu’est-ce qui est important pour cette source ? Qu’est-ce qui est acceptable et ne l’est pas en termes de comportements ? Ces éléments qui constituent notre vision du monde et ce que nous attendons les uns des autres dans nos relations d’équipe fera l’objet d’un travail d’explicitation que nous communiquerons dans les prochains mois.
Pour que l’agrandissement de l’équipe soit une réussite
Enfin nous nous sommes posés une journée pour identifier comment les missions de chacun et chacune pouvaient évoluer, être transférées, pour assurer un volume d’activité qui nous permette de sécuriser les 6 nouveaux postes créés.
Après la raison d’être, les valeurs, les temps de partage individuels, ces moments de prise de hauteur, il était important de ne pas négliger la mise en oeuvre de la fin de notre année 2022.
Et ça fait quoi de vivre une retraite en équipe quand on vient d’arriver ?
Le retour de Geneviève arrivée en avril :
“Nouvellement arrivée dans l’équipe, vivre ce moment m’a permis de réaliser à quel point je suis en phase avec cette manière d’envisager le travail. Nous fonctionnons en Holacracy et ma vision aujourd’hui c’est que ce système permet d’être efficace et de répondre aux exigences de notre monde contemporain. Ça signifie que dans notre quotidien à l’Agence, nous sommes centrés sur du travail opérationnel et portons une attention particulière à ce que nos rôles soient « à jour » avec les situations que nous rencontrons. A Bessans, nous avons consacré du temps à tout autre chose de très important également : nourrir nos relations, prendre du recul sur la façon dont nous travaillons ensemble, échanger sur nos envies, redéfinir notre raison d’être. Nous avons également pris le temps de réaliser nos repas et de les partager, de randonner et cueillir des plantes : déconnexion garantie, et chez moi ça entraîne une grande disponibilité pour le moment présent ! C’est vraiment précieux, ça nourrit mon besoin d’authenticité dans les relations de travail, et ça m’a permis de me sentir pleinement intégrée à l’équipe. Je pense vraiment que des temps comme celui-là permettent aussi de cultiver l’engagement et la motivation.”
Le retour de Léa arrivée en mai :
“Quelques jours avant de partir, je ressentais à la fois beaucoup d’excitation mais aussi un peu d’appréhension à l’idée de passer 4 jours isolés avec ces personnes que je côtoie seulement depuis 3 mois. Il m’a fallu faire preuve d’un peu de lâcher-prise pour les suivre dans ce chalet. Finalement ce temps suspendu m’a paru tout à fait naturel. C’était pour moi une occasion unique pour en apprendre encore un peu plus sur tous les membres de l’équipe Sémawé, mais aussi pour m’ouvrir davantage à eux. J’ai beaucoup apprécié que chacun partage ses ressentis suite aux dernières décisions prises en équipe, notamment au sujet des recrutements. Je me suis sentie encore plus reconnaissante de travailler pour cette organisation et avec ses individus uniques. Le rythme était idéal, entre les temps de travail, les temps partagés ensemble et les temps plus personnels, introspectifs et silencieux pour assimiler toutes ces émotions. Je suis revenue de Bessans avec un grand sourire aux lèvres et plus motivée que jamais pour continuer à faire grandir notre organisation !”
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