Hugo Arnaud, tu es co-dirigeant de la Fondation, peux-tu nous en dire plus sur ton parcours ?
Je suis arrivé il y a 1 an ½ et je suis à présent co-directeur général de la fondation Terre de Liens, suite au départ du fondateur. J’ai réalisé mes études dans le secteur du commerce et c’est l’entreprenariat au service d’une cause sociale qui m’anime depuis. Je suis aussi issu d’une famille d’agriculteurs, tout cela explique comment je suis arrivé chez Terre de Liens !
Quelle est la raison d’être de l’organisation Terre de Liens ?
Faire de la terre agricole un bien commun. C’est un mouvement citoyen qui a pour objectif de préserver les terres agricoles en préservant l’environnement et l’humain.
Comment s’est passée ta rencontre avec l’Holacracy ?
J’avais été sensibilisé à des modes de management différents grâce à mes précédentes expériences professionnelles. J’ai aussi lu au sujet des entreprises libérées, le livre de F. Laloux « reinventing organizations” par exemple.
Et puis au moment où nous avons eu envie de passer en co-direction chez Terre de Liens, nous avons identifié notre besoin de clarifier nos périmètres de décisions, pour chacun des 3 co-dirigeants. Et c’est à ce moment-là que nous avons rencontré Aliocha et l’Holacracy !
En tant que co-directeur, qu’est-ce qui t’as donné envie d’adopter l’Holacracy ?
D’une part, nous sommes 3 à avoir pris la suite du fondateur de Terre de Liens. Nous avons besoin de nous approprier la raison d’être de l’organisation. L’Holacracy nous aide à la définir et à la porter.
Ensuite, cela nous permet de clarifier nos responsabilités et périmètres de prise de décision, pour que notre fonctionnement à 3 soit lisible de l’extérieur, auprès des administrateurs et de l’équipe.
Et enfin pour moi-même, qui porte les fonctions RH au sein de notre Codir, la clarification des rôles et redevabilités de chacun, dans un contexte d’équipe en forte croissance : c’est rassurant ! En 18 mois nous allons passer de 17 à 33 salariés, nous recrutons 10 personnes en 6 mois :
“l’Holacracy nous apporte la structuration dont nous avons besoin”
Pour en savoir plus sur Holacracy :
- 10 idées reçues sur Holacracy
- 5 questions sur l’adoption d’Holacracy
- Pourquoi accompagner en Holacracy demande une certification ?
Comment dégagez-vous du temps pour l’Holacracy et l’adoption ?
C’est un investissement aujourd’hui mais nous sommes convaincus de l’intérêt d’y consacrer ce temps. C’est très éclairant dans un contexte de création de postes et de croissance de l’organisation !
Et puis adopter l’Holacracy est notre première grande décision de co-direction !
Symboliquement cela nous permet de marquer le changement, c’est une nouvelle organisation pour la Fondation et c’est cohérent avec le modèle de société que nous souhaitons. C’est vrai aussi que nous sommes une Fondation, reconnue d’utilité publique, et que les salariés sont assez ouverts d’esprit et que nous-mêmes ça nous pousse à aller vers un système comme l’Holacracy.
Est-ce que tu identifies d’autres besoins auxquels l’Holacracy répond pour Terre de Liens ?
Notre organisation est assez complexe : il y a des métiers très différents (communication, gestion des fermes…), et nous sommes un mouvement qui regroupe des entités différentes (Fondation, Entreprise d’investissement solidaire et Réseau associatif).
Le visuel de notre holarchie sur Holaspirit nous aide à rendre les rôles lisibles dans les différentes structures et auprès des parties prenantes avec qui nous sommes en lien.
Comment avez-vous procédé pour embarquer l’équipe ?
Nous avons fait le choix d’être accompagnés par un prestataire extérieur et de nous centrer, nous, équipe du Codir, sur les raisons du changement.
Nous sommes passés par plusieurs étapes :
- La co-direction a commencé à évoquer l’Holacracy, en expliquant à l’équipe qu’un accompagnement était nécessaire.
- Puis Aliocha est intervenu auprès de l’équipe et du bureau, il a pu répondre aux premières questions.
- Ensuite il y a eu un séminaire d’embarquement pour l’ensemble de l’équipe.
- Et là, nous sortons d’une première session de formation de praticiens de 4 jours, pour une partie de l’équipe.
Qu’est-ce que tu aurais envie de dire à propos de la signature de la Constitution ?
C’était assez émouvant. Nous avons eu le sentiment, à ce moment-là, que la co-direction marquait son empreinte et que l’équipe embarquait dans cette aventure où la place de chacun sera importante.
C’était un mélange de soulagement et d’étonnement, nous avons senti l’enthousiasme de l’équipe, c’est important et motivant pour la suite !
Qu’est ce que tu observes de différent dans l’équipe depuis la signature de la Constitution ?
Nous sortons tout juste de la formation de praticiens de la gouvernance partagée, c’était il y a 3 semaines. Ce qui se voit déjà concrètement :
- des réunions plus efficaces, en petits ou grands cercles, il y a plus de sujets traités en moins de temps consacré.
- des mots nouveaux, nous utilisons un nouveau vocabulaire !
Est-ce qu’il y a des moments délicats selon toi pour embarquer l’équipe ?
Je perçois la crainte de certains de voir évoluer leur poste par exemple. C’est un changement de repères, ne n’est pas confortable pour tout le monde. Ce qui est rassurant c’est que dès qu’il y a des préoccupations, l’Holacracy propose des processus pour s’en occuper. Le cadre à tenir lors des réunions tactiques et de gouvernance, est parfois perturbant. La posture de facilitateur et de scribe est parfois délicate à tenir surtout auprès de personnes qui ne sont pas encore formées.
Quelles sont vos prochaines étapes ?
Nous avons encore du travail sur la description des rôles existants. L’enjeu en ce moment est de réussir à pratiquer au quotidien, avec l’appui des premières personnes formées. Ensuite une autre partie de l’équipe va pouvoir suivre la formation de 4 jours. Et puis nous arrivons à un moment où nous allons devoir expliquer aux parties prenantes avec qui nous travaillons, ce que nous mettons en place et ce que ça nous apporte.
Quels sont les conseils que tu donnerais à une organisation qui souhaite se lancer ?
Je lui conseillerais de prendre le temps d’échanger avec Sémawé et avec d’autres structures qui ont adopté l’Holacracy. De notre côté nous avions rencontré Arcadie, une entreprise de 120 salariés, qui vend des épices et qui a signé la Constitution en 2017. C’est vraiment rassurant les témoignages, et on en a besoin car l’adoption demande du temps et c’est un investissement.
Je pense vraiment qu’il faut expérimenter si on en a envie, en ayant en tête qu’on a toujours le droit de revenir en arrière ! En revanche je pense qu’il faut se donner les moyens de tester avec l’ensemble du système Holacracy. Ce que j’ai entendu de structures qui sont restées dans un entre deux n’est pas convaincant. Tomber dans le travers de l’horizontalité où tout le monde est consulté pour qu’une décision soit prise, n’est pas performant. Ma vision est que le cadre proposé par l’Holacracy est nécessaire.
As-tu envie d’ajouter quelque chose ?
J’ai envie d’ajouter que c’est vraiment agréable de travailler avec Sémawé : adopter l’Holacracy est assez complexe, ça pourrait être rébarbatif, mais nous avançons dans la bonne humeur !
Retrouver d’autres témoignages sur l’adoption Holacracy
- Pourquoi as-tu choisi Holacracy pour ton équipe ? Interview de Samuel, fondateur et dirigeant de la SCOP Le Messageur
- Interview de Fabio Monte, leader de QoQa : Holacracy avec une équipe de 180 personnes, un challenge ambitieux
- Trajectoire d’une start-up en Holacracy, témoignage de Stéphane Labartino chez Comongo
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